dès ce matin, flottant dans l'air, moustiques et moucherons, à l'abri des mésanges, hirondelles, et martinets. Pour l'instant.
flottant dans l'air
morceaux de fleurs et abeilles
avant la chaleur
aujourd'hui partout je les croise, graines de pissenlit, samares, et d'autres encore, graines, morceaux d'étoupe flottant dans l'air, au gré des sautes de vent, suspendus à une tige et un parachute de fortune
jusqu'au wagon dans lequel nous attendons, debout, arrêtés à chaque gare, arrêtés bientôt entre chaque gare, dans une chaleur étouffante, malgré nos habits légers, craignant l'effort qui amènera la première goutte
ruisselant le long du dos, sous le menton, dans le cou, les cheveux bientôt humides, les auréoles
alors tous ensemble nous restons là, immobiles, suivant des yeux ce morceau de coton qui dans l'air chaud flotte d'une baie à une imposte, du plafond à une épaule, entre deux eaux, entre deux airs,
dansant pour nous danseurs statufiés par la chaleur volant d'haleine en courant de convection, planant au-dessus, virant entre, chutant parfois, tombant enfin
jusqu'au prochain mouvement du train, qui nous arrache presque à nos appuis, nos assurances, nos barres de maintien, d'aluminium trempé de notre sueur et gras de nos empreintes
secoué, remis en mouvement, volant encore, planant encore
ce morceau, cette graine, ce moustique, notre légèreté qui flotte au-dessus de nos corps trop lourds
entre deux airs encore
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les pâquerettes
les fruits verts du tilleul
le vent du matin