de retour après deux jours à Stockholm où j'ai retrouvé mon ami l'hiver dans ses habits de neige, en échange d'une paire de chaussures qui avait connu des jours meilleurs, traversant la nuit pour rentrer chez moi à bord d'un amical taxi, qui n'a plus que trois mois à faire, le temps passe vite
j'ai pensé à l'automne qui, lui aussi, voit la quille arriver et a certainement en tête ses vacances bien méritées en afrique du sud
alors j'ai regardé, juste pour vérifier, s'il avait quand même un peu gardé la tête à ce qu'il avait à faire
j'ai noté les branches nues trahissant les cimes des arbres, et celles qui sont devenues apparentes au travers des feuillages dégarnis
j'ai noté les baies de plus en plus rares dans les buissons, et les feuilles entassées au sol et au pied des arbres en petits tas bien nets
j'ai noté l'absence de feuilles sur l'ensemble des marronniers de la rue, et les tiges prêtes à tomber
j'ai noté la disparition graduelle des couleurs, les flaques d'eau omniprésentes, les glycines racornies laissant pendre des haricots sombres
et je dirais que l'automne a fait honnêtement son travail de tombeur de feuilles, de mangeur de baies et de souffleur de bise, qu'il a mérité ses vacances, mais que je tiens à ce qu'il continue à dépouiller les restes du printemps et de l'été, à en remplir les caniveaux, les poubelles, les haies
car il faut faire place nette pour l'hiver
la mi novembre
aux branches du marronnier
comme des racines
la mi-novembre
poussant le portail de fer pour
faire entrer l'hiver