23 juillet 2010
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17:41
Juillet et Cantal. Montagne et champs cultivés mêlés, depuis les routes traversant forêts et villages, en contrebas s'étalent plaines, arbres isolés aux formes contournées, pierres de taille, menhirs, tombes et calvaires.
Dans les parcelles, les bottes, rassemblées ou éparpillées çà et là, paille apparente ou emballées dans un plastique vert ou noir, redessinent le champ en négatif, variations jusqu'à l'horizon du même paysage
champ moissonné
dans la botte de paille
nichée de pies
champ moissonné
tout autour des bottes de paille
l'herbe a reverdi
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haibun
13 juin 2010
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16:38
la rivière au début juin n'a plus rien de nerveux, c'est un serpent qui lézarde au soleil et semble recouvert d'écailles brillantes ; çà et là, au détour d'un méandre, un paquet d'algues retient des pétales, feuilles et débris que le courant trop faible ne suffit plus à emporter.
marcher sur la berge, en savourant la présence des feuillages pleins qui offrent une protection légère mais bienvenue du soleil déjà chaud à 11 heures, puis s'asseoir sur le muret pour regarder la famille de cygnes qui fait le tour de l'île, trois petits au cou déjà long encadrés par leurs deux parents, en laissant le feuillage du saule, frais et dansant dans la brise, caresser nos cheveux...
trois canots au loin
sur leurs pagaies en rythme
éclats de soleil
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8 juin 2010
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18:39
Ce matin, vu par la fenêtre, dans le ciel bleu où pendent des nuages en formes de guirlandes et de serpentins, légers et aériens, un vol d'oies sauvages, une dizaine à peu près
ramenant l'été
une ligne de trois quarts
d'oies sauvages
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haibun
7 juin 2010
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12:35
Après la pluie le beau temps; les nuages orageux et les trombes d'eau d'hier ont laissé la place à un temps estival. La sortie courses de ce matin s'est transformée en balade dans le quartier.
Le printemps lui-même s'efface derrière les feuilles orphelines des lilas. Sur les arbres fruitiers, les fleurs ont toutes disparues, tandis qu'apparaissent au détour d'une rue, sur une branche dépassant d'un jardin, les premières cerises, et devant la bibliothèque, les petites prunes rondes et presque noires, cachées dans les feuillages bordeaux et cuivrés des prunus.
A même le trottoir, jaillissantes au bout d'une longue tige qui légèrement se courbe sous leur poids, les roses trémières violacées exposent leur coeur d'or et de lumière.
tremblants dans le vent
la cime du vieux sapin
la rose trémière
Et dans les massifs de pivoines, de roses et de dahlias, s'active le corps bourdonnant des pollinisateurs.
Le soleil n'est pas encore si chaud qu'il faille avancer de tâche d'ombre en tâche d'ombre. Assis sur un banc dans un square encore désert, rafraîchi par la brise, à écouter les oiseaux se répondre, on pourrait passer la matinée...
les yeux fermés
du vent léger le souffle
sur ma joue
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30 mai 2010
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09:57
Dernier dimanche de mai, brumeux et frais, partis en balade dans le Luxembourg presque désert. Lentement, doucement, maintenant que le plus dur est passé, revient l'envie.
Entre deux visites à l'hôpital, mes journées s'écoulent en silence. La peur passée, le bruit de mes angoisses lentement s'estompe, seule la fatigue demeure.
Et dans ce grand jardin vide, marchant, trois parmi quatre, bientôt réunis, pas d'autre envie que de retrouver ce quotidien laissé il y a quelques mois, à peine changé par une immense cicatrice.
près du bassin
un moineau de l'année
perché sur ma chaise
Curieux printemps, jours d'été et d'hiver mélangés, sans dominante. Qu'en dit le vent ?
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Julien
28 février 2010
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12:23
cette nuit, la tempête Xynthia a soufflé, soufflé, dans ma petite banlieue paisible loin du bord de mer, pas de dégâts ou de victimes, mais au dehors, le résultat d'un immense coup de balai.
Sous la haie, des baies rouges jonchent la pelouse par dizaines, et le vent ploie encore ce matin les arbres, secouant les branches pour les dépouiller de leurs dernières feuilles mortes, que pluie et neige avaient laissées.
On trouve au hasard des rues, parfois dans des endroits incongrus, sacs ou journaux que la tempête a charrié au loin, pour les laisser empêtrés, entre la grille et la haie, ou mieux encore, emmêlés dans les branches vides des marronniers.
après la tempête
dans l'arbre aux branches nues
un sac rose
C'est la fin février et la première fleur est apparue hier dans mon jardin, de temps à autre, passant dans le salon je vérifie par la fenêtre qu'elle est toujours là, petite corolle orange dardant à peine des hautes herbes.
après la tempête
premières fleurs dans l'herbe
petit bois cassé
tempête d'hiver
les branches des marronniers
enfin nettoyées
Parti faire des courses, croisés voisins et sacs revenant avec peine entre deux rafales, marché en écoutant le vent qui ce matin tonitrue et tempête, et en prend à son aise.
rafales de vent
les poignées de mes sacs
chantent
De retour chez moi, bien au chaud, je regarde le vent faire voler par instants le menu bois et feuilles, et troubler le vol d'habitude si altier des corneilles.
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23 février 2010
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20:50
Ce soir en rentrant, grand jour à la sortie du boulot, nuit à la sortie du métro, les jours s'allongent de façon si visible.
Et le printemps déjà s'annonce, premières feuilles qui pointent, premières tâches de couleurs.
ciel d'hiver
cousue dans la doublure
la demi-lune
fin février
dans la haie accrochées baies
couleur de feu
fin février
même de loin si rouges
les bourgeons
Bientôt la fin de l'hibernation ?
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haiku etc
hiver
14 février 2010
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20:44
Ce matin, après le petit déjeuner, changement de programme et première sortie en vélo de l'année, au bois de Vincennes tout proche.
Sortant dans le jardin gelé, combien rouges sont les baies de la haie ! Ont-elles mûri pendant l'hiver ou est-ce la neige qui fait ressortir leur teint vermillon ?
jardin sous la neige
les baies rouges par grappes
on en mangerait
Les plantes préparent, petit à petit, leurs bourgeons, seul le camélia a commencé la floraison, et ses quelques fleurs rose et orange détonnent sur le décor blanc.
à côté de la piste
dans la neige les traces
des pas des chiens
Dans le bois de Vincennes, seule une bande étroite au milieu de la piste cyclable est dépourvue de neige ou de verglas, on glisse en vélo comme à pied à chaque mètre.
anneau de vitesse
les oiseaux aussi semblent
voler en rond
Dans le petit bois de bouleaux tout proche, la neige et les feuilles mortes se cotoient dans l'harmonie, les troncs et les branches nues n'ont rien de désolé. Les chants des oiseaux, corneilles, mésanges et pies, semblent tout proches.
le bois sous la neige
la pie au pied de l'arbre
je l'ai perdue
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haiku etc
24 janvier 2010
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13:51
Avant d'aller au marché, sous la petite pluie gelée, quelques minutes pour donner du pain, aujourd'hui de vieilles pitas, aux canards, avec mes deux garçons, sur les bords de Marne tout proches.
Tout un programme : trouver les canards d'abord, puis couper la pita en morceaux assez petits pour qu'ils les mangent, puis les lancer en rafale, pas facile pour les petits doigts gelés, ni pour les bras engoncés dans les manteaux d'hiver...
Au loin, sur la berge d'en face, un arbre aux branches dépouillées est devenu un immense perchoir pour la colonie locale de mouettes.
Au milieu du festin, une mouette vient se poser au milieu du groupe de canards ; après l'avoir vue évoluer en gracieuses arabesques, elle semble si petite, et si comique avec son sourire permanent...pour quelques instants elle reste dans le groupe, sans chercher à manger les miettes qui flottent tout près.
De temps à autre, un oiseau passe en rasant la surface, longeant la rive, canard colvert en quête de son groupe, oie, parfois même un échassier.
Et le saule, ses feuilles amassées sur la berge, trempe jusque dans la rivière ses branches jaunâtres qui arrêtent un instant, et parfois pour des jours, les branchages descendant le courant.
Et l'eau ce matin, d'un vert si sombre, luit des reflets des gouttes de pluie et des remous des avirons.
Ce matin, pas de ragondin.
Pluie verglaçante
sur la rivière aussitôt
disparue
bruine de Janvier
les cols verts rassemblés
autour de mes miettes
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haibun
23 janvier 2010
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20:54
Sur le chemin de la gare, ce matin, marchant sous la bruine, les mains dans les poches, sous un ciel gris et dense. Trottoirs luisants, un air frais sans être froid, et de temps en temps le chant perçant d'un oiseau, deviné plus que vu sur une antenne, une faitiere, une branche.
Curieux hiver qui n'a pas fini de digérer les feuilles mortes de l'automne, et déjà arbore, au bout des branches des arbres, des bourgeons saillants. Mon camélia s'y est trompé, qui a sorti ses plus belles fleurs roses et oranges au milieu de janvier.
matin d'hiver
les premiers bourgeons
vert tendre
le regard fier
d'un pigeon trônant
sur une haie
fin janvier
du bouleau les feuilles noires
encore attachées
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agora
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